L'envie de travailler l'improvisation théâtrale naît, bien souvent, d’émotions ressenties en tant que spectateur. La virtuosité émanant de la liberté de création est attirante. Les ficelles semblent simples à tirer pour celui qui n'a pas peur de monter sur scène mais il faut prendre garde à l’illusion de l’immédiateté, celle qui nous laisse croire que cet art est accessible sans effort. 

Malgré des ouvrages notables traitant de notre matière, par manque de curiosité ou à force de s’y référer nous avons, peu à peu, une propension à la déprécier. Quelques pédagogues tendent à ne plus questionner le contenu de leurs entrainements, celui-ci s’uniformise avec l’essor des spectacles de rencontre; paradoxalement le pratiquant recherche en atelier l’état de spontanéité, l’utopie de la découverte permanente. 

Le présent ouvrage propose de mettre la création d’exercices au centre de notre transmission. En réponse aux besoins des groupes dont nous avons la charge, nous pouvons par ce moyen réinvestir le sens premier de chaque ligne de notre enseignement. Loin de vouloir être expérimental, ce qui suit prône l’entretien d’une liberté nécessaire à toute forme d’art. 

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Avant de proposer une méthode de création d’exercices, il était indispensable de constituer une liste détaillée des axes majeurs de travail pour mettre à jour cette diversité. A l’aide de cette liste et d’autres outils, le pédagogue sera invité à se poser les bonnes questions pour trouver quelles matières assembler.  

Cet écrit est destiné à tous les improvisateurs. Il a vocation à  explorer la Terra Incognita que dévoile peu à peu l’apprentissage. Il s’ adresse aussi, plus particulièrement, à toute personne menant des ateliers artistiques, lui permettant d’acquérir une autonomie de création d’exercices, de développer une vision singulière et critique de la matière enseignée. 

Avec patience, en exerçant notre oeil de spectateur, en croyant réellement à la nécessité de jouer pour que l’autre - partenaire et public - vibre, nous devenons, petit à petit, ces virtuoses. Pour autant, n’oublions jamais que pour improviser pleinement, il convient d’assouplir un instrument malléable et sans notice : l’improvisateur. Nous seuls pouvons écrire notre mode d’emploi. Alors préparons-nous à questionner notre manière d’apprendre, de transmettre et de jouer !

Julien Gigault